Santé, Solidarités, Sport
29e édition de Sport & Collection : Don record pour la recherche contre le cancer
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En juin dernier, plus de 1000 automobiles de course, de sport et de prestige et 1100 concurrents étaient réunis pour la 29e édition de Sport & Collection « 500 Ferrari contre le cancer ». Véritable musée vivant de l’automobile de sport et de course, cette manifestation permet de présenter plus de 100 ans de passion automobile. Plus de 30 000 visiteurs ont arpenté le Circuit du Val de Vienne.
Partenaire historique, le Département de la Vienne, s’est mobilisé tout au long du week-end aux côtés du CHU(Centre Hospitalier Universitaire) de Poitiers, avec des animations autour de la santé et du bien-être sur son stand au Pavillon Cheval de bataille. Des thérapeutes, ostéopathes, sophrologues, masseurs shiatsu, ont proposé au public des moments de détente et de découvertes. Une boîte de dons était également installée sur le stand pour récupérer les dons des visiteurs.
Depuis 29 ans, les dons versés par Sport & Collection au pôle de cancérologie du CHU(Centre Hospitalier Universitaire) de Poitiers ont permis différentes études et travaux de recherche en cancérologie, le financement de thèses, de postes d’attachés de recherche clinique, de techniciens d’études cliniques et d’ingénieurs, le financement de consommables nécessaires aux études et protocoles mis en place, l’évaluation de plusieurs programmes et traitements en cancérologie et l’achat d’équipement spécifiques.
Cette année, 4 projets de recherches ont été retenus par le Conseil Scientifique de Sport & Collection :
Pr Xavier LELEU, chef du service d’hématologie et de thérapie cellulaire
Immunomonitoring des CAR-T et de leur environnement immunitaire dans le traitement du myélome multiple : étude pilote longitudinale – CAR-TI4M
L’immunothérapie, ou l’idée de renforcer le système immunitaire et l’aider à cibler et à détruire les cellules cancéreuses, constitue une avancée majeure dans la lutte contre le cancer. L’une des stratégies prometteuses d’immunothérapie est basée sur la reprogrammation génétique des lymphocytes T (LT) du patient. Les LT sont alors manipulés pour exprimer un récepteur antigénique chimérique CAR (pour Chimeric Antigen Receptor), qui permet la reconnaissance et la destruction spécifique des cellules tumorales qui expriment une molécule cible. La thérapie par cellules CAR-T (pour CAR-T cells) a montré des résultats thérapeutiques prometteurs conduisant à sa mise sur le marché en France en 2018 pour le traitement des cancers du sang.
Néanmoins, l’efficacité du traitement par cellules CAR-T reste difficile à prédire, sans compter que dans un bon nombre de cas, les rémissions obtenues sont transitoires. Des travaux récents en modélisation animale soulignent le caractère déterminant du phénotype des cellules CAR-T mises en jeu avec une efficacité/longévité plus grande lorsque qu’elles sont de type centrale-mémoire (CM) et expriment le facteur de stemness TCF1, ce qui leur confère une plus grande plasticité et un plus large potentiel de différenciation que leurs équivalents mémoires effecteurs. Ces travaux révèlent aussi que les cellules CAR-T peuvent dialoguer étroitement avec leur environnement immunitaire non CAR-T, susceptible lui-même d’exercer des fonctions antitumorales sur un mode bystander. Afin d’améliorer l’efficacité thérapeutique des cellules CAR-T, il est donc nécessaire d’atteindre une caractérisation fine des éléments cellulaires CAR-T mis en jeu et une compréhension plus large de leur mode d’action jusqu’alors restreint à celui de cellules tueuses au fonctionnement autonome.
Prenant appui sur deux essais cliniques du CHU(Centre Hospitalier Universitaire) de Poitiers, il est proposé, dans le cadre d’une étude pilote à petite échelle, de réaliser un immuno-monitoring longitudinal dans le sang périphérique, en utilisant une nouvelle technologie d’analyse multiparamétrique à l’échelle cellulaire, la cyrtométrie en flux spectral.
L’objectif principal est d’identifier les éléments immunitaires associés au succès et à la pérennité du traitement par les LT CAR-BCMA. Trois mécanismes différents seront testés, et apporteront les connaissances nouvelles sur le statut stemness/effecteur des CAR-T dans le traitement du MM, et contribueront, à terme, à l’identification des marqueurs immunitaires prédictifs d’une réponse clinique aux CAR-T complète durable dans les cancers hématopoïétiques.
Pr Lucie KARAYAN-TAPON, chef du service de cancérologie biologique
Progression et dissémination cérébrales des cellules tumorales (prodicet) : statut et rôle du système protéine S / récepteur tyrosine kinase TAM dans la progression des tumeurs primitives du colon et la formation de métastases cérébrales
Le projet de recherche est centré sur deux pathologies relatives à l’envahissement cérébral des tumeurs. Les gliomes, tumeurs primitives du système nerveux central localement invasives, et les métastases cérébrales, tumeurs cérébrales secondaires des cancers colorectaux et des cancers mammaires. L’objectif est d’étudier les processus cellulaires et mécanismes moléculaires impliqués dans la dissémination cérébrale et de contribuer à l’élaboration d’approches thérapeutiques centrées sur l’inhibition ciblée d’événements relatifs à la croissance et/ou la dissémination tumorales dans le cerveau.
La caractérisation fonctionnelle et l’exploration des rôles potentiels du système ProS/récepteurs dans la dissémination des cellules tumorales de cancer colorectal au cerveau est l’objet principal de l’étude qui va bénéficier du soutien de Sport et Collection.
Le ciblage des récepteurs tyrosine kinase TAM (Tyro3, Axl et Mer) pourrait constituer une nouvelle voie thérapeutique dans le cancer colorectal métastatique. Ces travaux permettront d’une manière générale de mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques liés à la dissémination des cellules tumorales au cerveau et seront transposables à d’autres tumeurs.
Dr Emilie CAYSSIALS, service hématologie et thérapie cellulaire
Analyse par cytemotrie spectrale et application du concept de l’innateness pour définir une signature immunitaire prédictive du succès d’arrêt de traitement dans la leucémie myeloïde chronique
Le pronostic de la leucémie myéloïde chronique a été révolutionné par le développement d’inhibiteurs de tyrosine kinase mais dont l’utilisation thérapeutique doit généralement être poursuivie au long cours du fait de la persistance d’une maladie résiduelle. La prochaine évolution attendue par les patients est de pouvoir bénéficier d’un marqueur prédictif du succès définitif de rémission suivant leur arrêt de traitement (treatment-free remission ou TFR).
Le projet de recherche propose une approche globale et intégrée des différents éléments cellulaires immunitaires d’intérêt, permise par l’acquisition récente d’un analyseur multiparamétrique à l’échelle cellulaire reposant sur une nouvelle technologie, la cytométrie en flux spectral. Guidée par le concept de gradient d’innateness, l’équipe de recherche est en mesure de définir un score global d’immunité innée.
Le projet propose d’appliquer la même stratégie d’analyse chez des patients atteints de leucémie myéloïde chronique et en arrêt de traitement. En comparant les échantillons des patients ayant réussi l’arrêt du traitement par inhibiteur de tyrosine kinase à ceux des patients ayant échoué, l’équipe pense pouvoir définir un score pronostique immunitaire permettant de prédire la rémission après arrêt du traitement.
Maud BRECHET, infirmière en pratique avancée mention oncologie hémato-oncologie, service d’hématologie et de thérapie cellulaire
Évaluation d’un parcours de prise en charge précoce de la douleur aiguë en cancérologie - parcours docavilh : parcours douleur cancérologie ville hôpital
Le nombre de nouveaux cas de cancer, toutes localisations confondues, avait été estimé à 382 000 en France en 2018. La douleur chez ces patients à une prévalence supérieure à 50% et est une problématique redoutée, car elle fragilise le patient avec un réel impact physique et social. Une douleur aiguë induite par une maladie cancéreuse avec une prise en charge non adaptée entraine l’apparition d’un syndrome douloureux chronique secondaire. En France, le livre Blanc 2017 de la SFETD relève que malgré 3 Plans Cancer successifs intégrant les soins de support dans la prise en charge globale des patients en cancérologie, un patient sur trois ne reçoit pas de traitement antalgique adapté à l’intensité de sa douleur. La Haute Autorité de Santé a récemment préconisé pour prévenir la douleur chronique, une évaluation précoce de la douleur aiguë (dans un délai inférieur à une semaine) avec une organisation de qualité ville-hôpital. L’évaluation de la douleur est le préambule à toute démarche thérapeutique et au bon suivi de la douleur. Or, une étude menée par cette équipe du CHU(Centre Hospitalier Universitaire) de Poitiers, site de Châtellerault, a démontré un défaut majeur d’évaluation de la douleur au diagnostic des patients porteurs d’un myélome multiple. De ce fait, l’équipe souhaite expérimenter, à travers un essai clinique randomisé, un parcours patient novateur ville-hôpital d’évaluation et prise en charge précoce de la douleur aiguë en cancérologie. Elle souhaite démontrer que ce parcours permet une diminution de la douleur associée à une amélioration de qualité de vie des patients, ainsi qu’une adhésion des médecins traitants. Cette étude pilote permettra d’obtenir les résultats préliminaires pour calibrer par la suite une étude de plus grande ampleur, multicentrique dans le cadre d’un Programme Hospitalier de Recherche Infirmière et Paramédical (PHRIP).
Alain PICHON, Président du Département de la Vienne et Jean-Pierre DOURY, Président de l’Association Sport & Collection ont remis, ce jour, un chèque de 470 000 €, don de l’édition 2023 « 500 Ferrari contre le cancer », aux cancérologues du CHU(Centre Hospitalier Universitaire) de Poitiers, pour soutenir les projets de recherches sélectionnés par le Conseil Scientifique. Au total, plus de 6M€ ont été collectés par l’Association Sport et Collection pour le CHU(Centre Hospitalier Universitaire) de Poitiers depuis la première édition.
Etaient également présents Valérie DAUGE, Première Vice-Présidente en charge des Personnes âgées et Personnes handicapées, Anne-Florence BOURAT, Vice-Présidente déléguée en charge de la Santé, Séverine MASSON, Directrice générale adjointe du CHU(Centre Hospitalier Universitaire) de Poitiers, William COUET, Vice-Président du directoire en charge de la recherche, Xavier LELEU, Chef du service d’oncologie hématologique et thérapie cellulaire, Lucie KARAYANTAPON, Chef du laboratoire de cancérologie biologique, Maud BRECHET, Infirmière en pratique avancée.